DOMINIC ROUSSEAU
EXPO JEAN COCTEAU À LA BAULE
Ce midi, nous retrouvons Dominic Rousseau au Café de la Poste pour un déjeuner convivial.
Il opte simplement pour une salade César et un verre d’eau. Nous espérons que ce repas nous réservera quelques anecdotes croustillantes de cet artiste discret, dont le talent déborde sans doute les limites de la vie artistique conventionnelle.
Les demi-vedettes ne sont certainement pas à sa hauteur… lui qui a côtoyé les plus grands !
Rencontre avec celui qui murmure à l’oreille des étoiles…




Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours ?
Je suis originaire de Rennes et j’ai plongé très tôt dans le monde des métiers artistiques, ce qui m’a permis de faire des rencontres incroyables, notamment celle avec Jean Marais.
Mon premier souvenir de Jean Marais remonte à mon enfance, alors que je regardais à la télévision « L’Éternel Retour », un film de Jean Delannoy de 1943 dont le scénario est de Jean Cocteau.
J’avais 7 ou 8 ans à l’époque et cette expérience en noir et blanc a été une révélation pour moi. Je suis immédiatement devenu fasciné par l’œuvre de Jean Marais et j’ai plongé dans sa filmographie.
Comment Jean Marais a-t-il rencontré Jean Cocteau ?
Jean Marais a quitté Cherbourg pour rejoindre Paris dans sa jeunesse, où il a suivi des cours d’art dramatique chez Charles Dullin . C’est lors d’un casting théâtral en 1937 que la future vedette s’est présenté au 36 Rue Montpensier dans les jardins du Luxembourg domicile du poëte. Le lendemain de leur rencontre, Cocteau a déclaré son amour à Marais, et leur lien est devenu indissoluble par la suite.
Et votre rencontre avec Jean Marais ?
Très jeune, je fais des spectacles en province à Paris et je suis toujours autant fasciné par Jean Marais. Jusqu’au jour où Claude Azoulay, reporter pour le magazine Paris Match, m’invite à déjeuner au Vaudeville à Paris. Lors de notre rencontre, je lui confie mon désir ardent de rencontrer Jean Marais alors que je n’avais que 20 ans.
Claude me répond qu’il n’y a aucun problème et me donne l’adresse personnelle de Jean Marais. À cette époque, Marais partageait son temps entre la place du Tertre à Montmartre, Paris, et sa villa à Vallauris, sur la Côte d’Azur. Pour m’assurer que mon courrier lui parvienne, j’envoie une lettre manuscrite à chacun de ces endroits. À ma grande surprise, un mois plus tard, je découvre une lettre de Jean Marais dans ma boîte aux lettres. À partir de ce moment-là, nous avons entretenu une correspondance régulière pendant deux ans.
En 1988, alors que j’effectuais mon service militaire « obligatoire » du côté de Rennes, un ami m’informe que Jean Marais joue à Redon la pièce « Cocteau Marais », créée le 30 septembre 1983 au théâtre de l’Atelier, à Paris. Je décide alors de me rendre à Redon pour voir mon idole.
Je me retrouve au quatrième rang dans la salle alors qu’il a 75 ans et moi-même seulement 22 ans .C’est la première fois que je le vois en chair et en os.
Je m’adresse à l’ouvreuse, lui montre les lettres pour lui prouver que je ne suis pas un inconnu pour Jean Marais. Elle se rend dans sa loge pour lui transmettre mon souhait de le rencontrer, et Jean Marais accepte de me recevoir pour la première fois. Je traverse les coursives, frappe à sa porte. Il m’accueille en peignoir blanc, une cigarette Peter Stuyvesant à la bouche, et me dit « enfin ». J’étais très impressionné, n’ayant que 22 ans. Ce fut un moment formidable.
Il m’invite alors à Paris, au 22 rue Norvins, dans son grand studio, et nous échangeons régulièrement ensemble. Nous nous voyons de façon très régulière. Il m’invite à Nantes lors de ses passages au théâtre et même sur un tournage de film sur l’île de Bréhat, « Les Enfants du naufrageur », avec Brigitte Fossey.
Comment votre relation avec Jean Marais vous a-t-elle influencé par la suite ?
Grâce à notre amitié, j’ai été introduit dans l’univers de Jean Cocteau, dont Marais était un fervent admirateur. Cela m’a conduit à m’impliquer dans l’association » les amis de Jean Cocteau » où j’ai pu explorer davantage l’œuvre de cet artiste remarquable. Cette immersion m’a également permis de rencontrer des personnalités telles que Pierre Bergé et Edouard Dermit. Ce dernier, fils adoptif de Jean Cocteau, se consacrait entièrement à la gestion et au rayonnement de l’œuvre de Cocteau, et nous avons développé une relation intime, Édouard me reçevait réguliérement a Milly-La-Forêt , derniére demeure de JC jusqu’au 11 Octobre 1963 jour de son envol . Sa passion m’a guidé dans la découverte approfondie de l’univers de Cocteau.
Vous organisez une exposition sur Jean Cocteau cet été à La Baule. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, après avoir organisé une exposition » Jean Marais » en 1993 a la Chapelle Sainte Anne a La Baule , en présence de Line Renaud, Catherine Lara, Jean Claude Brialy, Michéle Morgan , Gérard Oury , Francis Huster , Richard Anconina et beaucoup d’autres . Inoubliables moments puisque nous en avions profité pour fêter les 80 ans de l’acteur , j’ai eu l’idée d’honorer également Jean Cocteau en 2024 , ce touche a tout de génie qui a profondément marqué la vie de Jean Marais.
Cette exposition, qui se tiendra cet été à La Chapelle Saint-Anne à La Baule, mettra en lumière l’œuvre exceptionnelle de Cocteau, avec des pièces qui n’ont jamais été exposées au grand public. C’est une aventure passionnante et je suis reconnaissant envers Delphine Filloux, adjointe à la culture et Franck Louvrier pour leur soutien dans ce projet ainsi que mes amis Orphée et Morgane Dermit (petit-fils de Edouard Dermit). Je tiens aussi a remercier Le Comité Jean Cocteau en la personne de Dominique Marny ( petite niéce de JC ) pour son implication .
Pour les amateurs, il y aura également des œuvres magnifiques représentant trois générations liées à Jean Cocteau.
Aujourd’hui encore, Cocteau est une grande source d’inspiration pour beaucoup d’entre nous, dans les domaines du cinéma, de l’art, de la mode, de la haute couture et de la coiffure. Et puis le poëte n’a fait que semblant de mourir ….Son oeuvre reste et restera.



L’hommage de Rey Baliardo, à l’exposition Jean Cocteau à La Baule
Le neveu de Manitas de Plata, a tenu à rendre hommage à cet immense artiste et poète. Ce moment du musique a ravivé la mémoire de l’amitié unique entre Manitas de Plata, légendaire guitariste gitan, et Jean Cocteau, poète et artiste aux multiples facettes. Leur relation, marquée par une profonde admiration mutuelle, est née dans les années 1960. Cocteau, alors déjà au sommet de sa carrière, était fasciné par l’authenticité et le talent brut de Manitas, dont la musique évoquait les traditions et la culture vibrante des Gitans des Saintes-Maries-de-la-Mer. De son côté, Manitas voyait en Cocteau un esprit libre, un homme d’avant-garde qui comprenait l’âme bohème et les valeurs de liberté si chères à son peuple.