STÉPHANE PASQUIER

Inarrêtable Champion !

La première fois que nous avons échangé, c’était cet été autour d’un café au bar PMU « Le 106 » à La Baule. Stéphane Pasquier, c’est un homme simple, celui que tout le monde voudrait avoir comme ami. Un jockey courageux, guidé par une étoile chanceuse. Vainqueur de l’Arc de Triomphe en 2006, il a décroché la Cravache d’Or l’année suivante en 2007, une distinction récompensant le meilleur jockey de la saison.

J’ai grandi loin des chevaux, dans un cadre urbain, dans les quartiers populaires de Nanterre. À l’âge de 13-14 ans, on ne sait pas ce que l’on veut faire dans la vie. J’ai donc un parcours très atypique. J’étais un gamin volontaire à l’école, pas turbulent, j’avais juste envie de vivre, tout simplement. Mais j’avais du mal à me concentrer à l’école et mes parents m’ont dit : « Si ça ne se passe pas bien, tu vas finir en pension. » Et c’est exactement ce qui s’est passé.

J’ai alors intégré un milieu que mes parents ne connaissaient pas. Ils m’ont poussé à aller à la campagne, disant que ce serait une bonne chose de voir des animaux, que cela m’apaiserait. Et finalement, c’était vraiment un coup de bol !

Tout petit, je savais que je m’en sortirais. J’étais débrouillard et intelligent, assez speed, et je savais qu’un jour, tout irait mieux.J’ai donc commencé dans les boxes mon premier chemin de vie, une vie professionnelle qui va s’avérer extraordinaire.

J’ai passé mes premiers jours triste de la situation. Imaginez, mes parents m’avaient dit que si ça se passait mal à l’école, j’allais finir en pension. Cette menace s’est finalement révélée bénéfique, mais sur le moment, je l’ai pris comme une punition. Je n’ai pas fait d’efforts au départ, j’ai mis du temps avant de m’y mettre. Mais finalement, j’ai commencé à apprécier les chevaux. Pour un gamin de Nanterre, c’était un monde totalement inconnu. Au final, j’ai trouvé ça bien !

Robert Collet a été la première personne à m’accueillir. C’est chez lui que j’ai débuté mon apprentissage.

Je ne suis pas tout de suite entré dans le moule, mais il a finalement été plus qu’un père pour moi. C’est lui qui m’a guidé et qui a une grande part dans mon succès d’aujourd’hui.

Ma première course, je l’ai faite à 16 ou 17 ans. J’aimais bien l’adrénaline. C’est ce qui caractérise quelqu’un qui ne connaît pas encore bien l’animal, mais qui sait à l’instant T s’il va réussir ou non. Ça a été le déclic ! Je me suis vite rendu compte qu’en travaillant, je pouvais gagner de l’argent. Je n’ai pas à me plaindre, mes parents m’ont gâté, mais dans les courses, j’ai découvert des sommes astronomiques à gagner. En travaillant, j’ai commencé à aimer le métier, la vitesse. J’avais trouvé mon équilibre !

J’ai donc fait mon apprentissage chez Robert, puis je suis parti à Singapour pendant six mois, puis en Malaisie. Je suis rentré en France en 2001 et là, tout a explosé. Les courses sont différentes en Malaisie, le système est différent. Cela m’a beaucoup plu. Je me suis adapté aux deux styles de monte. En France, les courses sont plus tactiques qu’à l’étranger. Mon point fort, c’est justement l’analyse avant et après course. 

Sur un cheval, nous avons tout à préparer. C’est bien plus tactique qu’on ne l’imagine. L’animal est un athlète de haut niveau. Il faut respecter sa façon de penser, sa façon de vivre. Physiquement, c’est important, et bien sûr, l’engagement est crucial. Cela demande du temps. La patience est quelque chose qui se fait rare de nos jours, mais dans notre métier, par chance, on peut encore en avoir.

La relation que j’ai avec les chevaux ? Déjà, je ne leur parle pas. Je suis en revanche très observateur. J’arrive à déceler si l’animal est anxieux, volontaire, ou non, et je pense que c’est dans ces moments-là que l’on fait la différence.

Un tic de course ? 

Je n’ai pas de tic de course, pas de grigri, je ne veux pas en avoir. Je crois en une seule chose : moi. Mais de temps en temps, si un turfiste me donne un bracelet en me disant : « T’inquiète pas, ça va te porter chance », je vais le prendre. Je ne veux pas avoir de grigri, mais de temps en temps, pourquoi pas ! (rire)

Je gère la pression des courses avec aisance, car j’y suis habitué. J’aborde chaque moment avec calme et sérénité, en ayant pleinement confiance en mes capacités et surtout celles du cheval. C’est une véritable osmose qui se crée entre nous.

Pour les jeunes qui souhaitent devenir jockey ? 

Ne pas avoir de regrets et faire impérativement ce que l’on aime et ce que l’on a envie de faire. Si l’on échoue, au moins on aura essayé !

En fin de carrière, je n’ai aucun objectif. Je ne me mets rien dans la tête, je ne veux pas me perdre et je veux me concentrer sur une seule chose : les courses. Je ne veux pas penser à l’après.

J’ai dû gagner 2500 courses, mais je m’en fiche. Je ne compte pas, je veux juste continuer de vivre ma passion et de rencontrer des gens. Tiens, par exemple, ce petit passage à La Baule la dernière fois au 106 chez Manu, je l’ai trouvé super. J’aime rencontrer de nouvelles personnes et témoigner de mon métier, de ma passion.

Un souvenir de Noël ? 

Les fêtes de fin d’année, je les passe avec ma femme Olivia. C’est un moment où nous partageons en famille. Nous avons un vrai sapin de Noël, de la neige, plein de cadeaux. Pour nous, c’est un grand moment familial et c’est important !

Olivia, c’est la femme qui me donne envie d’être encore meilleur demain. C’est mon équilibre de vie. » Cette phrase résume parfaitement la place centrale qu’Olivia occupe dans ma vie. Derrière chaque grand homme, il y a une femme, dit-on, et je crois que c’est profondément vrai. Elle est celle qui m’apporte stabilité et sérénité, et c’est grâce à son soutien constant que je parviens à me dépasser, aussi bien dans ma carrière que dans ma vie personnelle. Olivia est plus qu’un pilier, celle qui, même dans les moments de doute, sait trouver les mots pour me rappeler pourquoi je fais ce que je fais.

Olivia incarne pour moi ce besoin de tendresse et de complicité qui, en dehors de l’adrénaline des courses, me permet de vivre pleinement. Sans elle, je ne serais pas l’homme que je suis aujourd’hui.

Les objectifs pour la fin de l’année ? 

L’Arc de Triomphe ce dimanche. Les chevaux sont en bonne forme, mais il faut que toutes les planètes soient alignées pour être au mieux. Nous serons au rendez-vous ! Ce dimanche 6 octobre, Stéphane décroche la deuxième place au Prix de l’Arc de Triomphe avec Aventure, une pouliche d’une qualité exceptionnelle, juste une semaine après notre interview.

La Baule Inside #2

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